Apprendre à lire peut être traumatisant

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La puissance des émotions et des situations traumatisantes

J’ai mal à la gorge lorsque je lis à voix haute. Je m’en suis rendu compte alors que je lisais à mes fils le soir avant de les border pour la nuit. Je sens physiquement une restriction dans ma gorge, un serrement très désagréable. Au final, c’est Patrick qui tous les soirs faisait la lecture à nos garçons. 

Une partie de moi était contente qu’ils tissent des liens à travers cette activité quotidienne. J’appréciais ce moment de tranquillité où je prenais soin de mon besoin de solitude. Comme je suis vulnérable au stress dû à une enfance et à une adolescence à vivre beaucoup de stress émotionnel (violences éducatives ordinaires), ce moment seul me permettait de nourrir la partie paisible en moi. Celle me permettant d’aimer mes enfants inconditionnellement.

Une partie de moi était triste parce que j’adore les livres. Je désirais vivre avec mes enfants ces moments où ils se plongent dans une histoire. Les voir vivre les émotions apaisantes d’une lecture qui fait du bien à l’âme et nous laisse avec la sensation que la vie est belle.

J’étais incapable de le faire. Après quelques phrases, la sensation de serrement se faisait sentir et je me résignais à arrêter.

Apprentissage de la lecture

Plus tard quand j’ai connu le EFT, j’ai décidé de l’essayer en lisant un livre à mon neveu. Ç’a été une révélation de sentir ma gorge se détendre au fur et à mesure que je lisais en tapotant doucement les points sur mon corps où les méridiens sont très près de la surface de la peau. J’ai compris à quel point les émotions et particulièrement les traumatismes ont des effets concrets sur le corps.

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Eliott me regardait avec curiosité. Je lui ai expliqué ce que je faisais en des mots simples et j’ai continué notre lecture.

Eliott, mon filleul, développe une passion pour la série Harry Potter. Je suis tellement contente de partager avec lui cet univers magique. Crédit photo Laurie Suzor P. artiste photographe

Pour moi et probablement plusieurs personnes, lire à voix haute me ramène directement à l’enfance au moment où à tour de rôle les élèves lisent une phrase ou deux à voix haute. Je me rappelle clairement le stress qui montait en moi alors que c’était bientôt mon tour. Deux élèves avant moi. Un élève avant moi. Moi.

Avant même de lire ma première phrase, j’avais entendu des élèves rire quand un élève avait mal prononcé un mot. J’avais aussi été témoin du manque de patience du professeur lorsqu’un élève prenait trop de temps pour lire un mot. Je sentais une pression énorme pour lire vite et bien avant d’avoir lu mon premier mot devant ma classe de première année.

En tant qu’adulte, je ressens ce stress lorsque j’assiste à un atelier où on se présente à tour de rôle. Étrangement, je ressens un peu moins de stress lorsqu’on se présente de façon aléatoire. Je pense que c’est parce que je choisis de me présenter à un certain moment plutôt d’attendre passivement et d’une façon caractéristique d’une victime, mon tour.

Tout ce stress à cause de quelque chose qui s’est passé alors que j’avais six ans en première année. Le stress relié à l’apprentissage de la lecture est réel et le serrement dans ma gorge alors que je fais la lecture à voix haute en est la conséquence.

Avant de commencer à faire la lecture à mes fils, je ne ressentais pas de stress. Tellement pas, que ça m’a pris plusieurs expériences où j’ai ressenti ce serrement dans ma gorge pour en prendre réellement conscience. Mon stress était tellement bas que j’oubliais ce serrement de ma gorge avant de prononcer les premières phrases de l’histoire le soir suivant.

Pendant que je lisais à Eliott tout en faisant du tapping, mon corps comprenait qu’il n’est pas en danger. C’est le message que le corps reçoit lorsqu’on tapote ces points presque magiques. Ce qui a pour conséquence de permettre au stress émotionnel qui est accumulé en lien avec le traumatisme de l’apprentissage de la lecture de se libérer.

L’apprentissage de la lecture, et tous les autres apprentissages qu’on fait devraient être faits dans un environnement sécurisant pour l’enfant pour ne pas lui créer de blocages. Le besoin de sécurité émotive est bien entendu variable d’un enfant à l’autre. Comme j’en manquais déjà à la maison, j’étais plus fragile à vivre un niveau de stress émotionnel qui me créait des traumatismes.


*Un livre que j’ai adoré lire en lien avec les traumatismes des enfants est Trauma Through a Child's Eyes de Peter A. Levine.

“Un guide essentiel pour reconnaître, prévenir et guérir les traumatismes infantiles, de la petite enfance à l'adolescence - ce que les parents, les éducateurs et les professionnels de la santé peuvent faire.

Les traumatismes peuvent résulter non seulement d’événements catastrophiques tels que maltraitance, violence ou perte d’êtres chers, mais également de catastrophes naturelles et d’incidents quotidiens tels que des accidents de voiture, des procédures médicales, un divorce ou même une chute de bicyclette. Ce livre repose sur la compréhension de la manière dont les traumatismes sont imprimés sur le corps, le cerveau et l'esprit, entraînant anxiété, cauchemars, dépression, maladies physiques, toxicomanies, hyperactivité et agressivité. Trauma à travers les yeux d’un enfant, riche en études de cas et en activités pratiques, donne un aperçu de la capacité innée des enfants à rebondir avec le soutien approprié et fournit à leurs responsables des outils pour surmonter et prévenir les traumatismes.”

Peter A. Levine écrit des livres qui me parlent. Le prochains sur ma liste est assurément Comment aider son enfant à faire face aux épreuves de la vie.

 

“Un guide pour prévenir les traumatismes et aider l'enfant à se remettre d'un stress important : accident, harcèlement, deuil, prévention des abus sexuels, etc. Avec des jeux et des exercices pour l'adulte ou à réaliser avec l'enfant.”

 

M’offrir la sécurité affective

La sécurité affective que j’ai offerte à mes enfants dans leur enfance est ce qui a fait en sorte, je crois, qu’ils vont prendre le risque de sortir de leur zone de confort en sachant qu’ils peuvent revenir vers leur sécurité avant leur prochaine aventure en dehors de la zone de confort.

Cette sécurité leur a permis de bâtir leur solidité intérieure qui est la confiance et l’estime de soi. Quand on sait qu’on est aimé et aimable comme on est, ça crée une solidité en soi qui permet de partir à la découverte du monde tout en développant nos talents.

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J’ai besoin pour ma part que mon quotidien soit très sécurisant pour me permettre d’atteindre un bienêtre émotionnel facilitant le développement de mes talents. J’ai besoin de sécurité physique, travailler de la maison, pour m’offrir cette sécurité émotionnelle. Chaque activité en-dehors de la maison me cause un stress émotionnel variable selon les circonstances. Je ne m’empêche pas de faire des activités, mais j’ai appris avec le temps à favoriser des circonstances qui vont me faire sentir en sécurité pour réduire mon niveau de stress.

Prendre soin de mes besoins sans me juger est ce qui me permet de m’offrir à travers l’amour de soi, la sécurité émotionnelle dont j’ai besoin. 

Julie xo

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