Juste deux enfants

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Dans ma tête j’ai toujours su que je voulais au moins deux enfants. Ça c’est après être enceinte de Benjamin parce qu’avant de rencontrer Patrick, mon amoureux, je ne voulais pas d’enfants. Les raisons pour lesquelles je n’en voulais pas font partie des raisons pour lesquelles on a juste deux enfants.

Après la naissance de Léo, notre deuxième enfant, la question a mis du temps avant d’apparaitre à mon esprit. Est-ce qu’on veut un troisième enfant? J’adorais ma petite famille et on était vraiment bien tous les quatre. La possibilité qu’on pourrait bien et peut-être mieux à cinq me trottait dans la tête de temps en temps.

Léo et Benjamin grandissaient et nous apportaient tellement de joie en même temps que la question revenait de plus en plus souvent. Un jour j’ai même entendu une voix de petite fille ricaner alors que j’étais seule à l’étage. Je voulais tellement avoir une petite fille, une princesse.

Benjamin et Léo 4 ans

Benjamin et Léo 4 ans

L’anniversaire des quatre ans de Léo approchait et je sentais la pression de prendre une décision augmenter. C’était difficile. J’aime tellement mes enfants! Un enfant de plus voulait dire plus d’amour. Ça voulait aussi dire plus de responsabilités. Une chose était claire, on voulait un maximum de quatre à cinq années entre les deux derniers enfants.


Avec le recul, je me rends compte qu’on a suivi notre intuition parce que même si je ne pouvais pas articuler clairement les raisons de ne pas ajouter un autre membre à notre famille, quelque part en moi ça disait non. Ce n’était pas de la peur, mais bien un non calme et paisible.

Avant de rencontrer Patrick, je ne voulais pas d’enfants pour éviter de les faire souffrir comme j’ai souffert dans mes relations avec mes parents. Maintenant que j’avais l’expérience de vivre avec deux enfants, je savais que j’étais capable de guérir les blessures de mon enfance pour devenir tranquillement la mère bienveillante que je désirai être pour mes enfants, celle dont ils avaient besoin. Même si ma transformation n’était pas assez vite à mon gout, j’étais certaine d’être sur le bon chemin pour moi et mes enfants.

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La semaine passée

En échangeant sur messenger avec une amie chère à mon coeur, elle m’a écrit quelque chose qui m’a fait réfléchir aux raisons pourquoi on a juste deux enfants. Dans ce moment, tout est devenu clair.

“Deux enfants ça respecte ma sensibilité et par le fait même la leur...” est ce que je me suis surprise à lui écrire.

Je sais que je porte en moi des blessures qui sont réveillées dans la relation avec mes enfants. Elles sont ma kryptonite et comme pour Superman, mon point faible. Elles font monter à la surface mon côté immature et me créer des frustrations qui ont le potentiel de blesser mes enfants.

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J’étais consciente qu’avec deux enfants ces blessures seraient moins souvent réveillées qu’avec trois enfants. Le temps et la solitude me permettent de prendre conscience qu’une blessure et la fausse croyance l’accompagnant viennent d’être ranimées pour tenter de la guérir du mieux que je peux. C’est dans cette partie de ma vie, quand mes blessures et mes croyances étaient refoulées au lieu d’être libéré (avant le EFT) où j’avais le plus à protéger mes enfants de moi-même. Les protéger de mes blessures pour ne pas leur en causer et ainsi continuer le cercle vicieux de la violence émotionnelle.

Je suis né, ou suis devenu une personne sensible. J’ai besoin de temps pour me remettre émotionnellement d’un face-à-face avec les blessures de mon enfance.

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Trois enfants m’auraient laissé avec encore moins de temps pour me remettre en forme émotionnellement entre chaque épisode de stimulation de mes blessures. Même si j’aime mes enfants plus que tout, déjà avec deux enfants j’avais souvent la broue dans le toupet émotivement. J’étais au début de mon cheminement et mes blessures étaient souvent réanimées d’entre les morts.

Je suis quand même un peu triste de n’avoir pas connu ce troisième enfant. Je suis l’ainé de trois enfants et pensé ne pas avoir connu mon bébé frère Pierre est un outrage. Chaque enfant est précieux. C’est pour ça que cette décision nous aura pris autant de temps. C’était difficile.

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Avoir juste deux enfants m’a permis de réveiller les blessures de mon enfance à un rythme qui faisait en sorte d’infliger moins de blessures à mes enfants. J’avais du temps, souvent j’aurais aimé en avoir plus, pour vivre les émotions et les transformer.

Je sais que j’ai besoin de beaucoup de calme et de paix pour prendre soin de moi et de ma sensibilité. Maintenant que les garçons sont au Cégep après plusieurs années de unschooling, j’ai plusieurs périodes de temps où je suis seule à la maison. Je savoure ces moments de tranquillité, d’immobilité qui font du bien à ma sensibilité. Je savoure aussi chaque moment en la compagnie de mes garçons d’amour. C’est un privilège de les avoir dans ma vie et d’être leur mère. Cette position précieuse me permet de partager une connexion profonde, d’âme à âme. Les voir vivre leur vie et exprimer leur essence me procure beaucoup de joie. Je suis tellement chanceuse.

Julie xo