L’école change les enfants

Même avant que Benjamin entre à la maternelle, j’avais en moi le désir de faire l’école-maison. Après avoir vu une entrevue à Télé-Québec avec une famille faisant l’école-maison, quelque chose en moi s’était allumée et j’ai senti un vent d’espoir. Pouvait-on créer un monde meilleur, un enfant à la fois?

Peurs

Quand est venu le moment d’inscrire Benjamin à la maternelle, j’avais peur de l’envoyer à l’école et j’avais peur de ne pas l’envoyer. J’avais peur de l’envoyer parce que ma propre expérience du milieu scolaire n’avait pas été quelque chose que je qualifiais de positive. Quand je pesais le pour et le contre, le négatif surpassait de loin le positif, mais ce n’était pas la perception que mon conjoint avait de sa propre expérience. Je voulais que ça soit une décision commune parce que j’avais peur de l’engagement que représentait faire l’école-maison et que si on choisissait cette voie, j’aurais besoin de son support. Faire l’école-maison pour notre famille ça voulait dire, continuer de vivre avec un seul salaire plus longtemps que prévu. L’inconnu que représente de prendre la responsabilité de l’éducation scolaire d’un enfant me terrifiais (ma vision limitée et scolaire me laissait qu’entrevoir une seule façon de faire l’école-maison, l’école dans la maison. C’était avant la libération avec le unschooling.

Il y avait ce doute en moi, ces questions (#introspection). Et si Benjamin avait une expérience différente de la mienne? Et si l’école pour Benjamin avait plus de positif que de négatif? 

On a inscrit Benjamin à l’école et on fait une fête pour célébrer son entrée à la maternelle.

Moment marquant au Walmart

Cette journée restera à jamais gravée dans ma mémoire. Quelques mois après avoir commencé la maternelle, moi, (moi et les enfants) Benjamin et Léo on se dirige vers les caisses au Walmart pour aller payer. Benjamin marche à côté de moi et Léo est assis dans le charriot. Un article attire mon attention et on s’arrête. Pendant que je l’examine, une dame s’approche de nous et se penche légèrement pour parler à Benjamin. Son énergie est douce et sympathique et elle trouve Benjamin mignon (moi aussi ;)). Benjamin se cache derrière moi et ne répond pas à la dame.

Mon Benjamin qui était presque trop jasant avec les adultes s’est transformé en Benjamin qui a peur des adultes. Avant qu’il commence l’école, peu importe où on allait Benjamin avait toujours eu une personnalité sans aucune gêne et il prenait les devants pour parler aux gens (toujours en ma présence bien entendu). Il parlait de lui et de ses intérêts.

Ma première réaction a été la surprise. Je ne me souviens plus ce que j’ai dit à la dame, probablement quelque chose pour écourter ce moment inconfortable pour Benjamin et pour cacher mon émotion.

Quelques mois plus tard on a commencé l’école-maison, après tout un été à réfléchir sérieusement à cette option. 

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Pour moi c’était clair que l’école avait changé quelque chose en mon fils et ce n’était pas positif. Ce moment au Walmart a été pour moi une preuve de l’impact négative du système scolaire. J’étais triste que mon fils si allumé et vivant, se cache parce qu’il a peur d’un adulte. Pour présenter ce comportement, il devait avoir commencé à intégrer la croyance que les adultes sont parfois une menace et qu’il vaut mieux se protéger. 

J’étais aussi en colère après moi. Je n’avais pas suivi mon intuition, cette petite voix en moi qui clairement ne voulait pas envoyer Benjamin à l’école. Et maintenant mon fils vivait des impacts négatifs de sa fréquentation d’un milieu scolaire. Allô la culpabilité!

J’étais en colère contre le système scolaire et la société qui en général voit l’école comme la norme et même comme un passage obligé et positif pour les enfants. Je  ne voulait pas dérober à mes enfants leur radar interne qui leur indique quand un adulte représente un danger ou non en les exposant à un milieu où ils perdent leur repères internes.

Pourquoi est-ce que presque chaque midi mon fils pleurait assis dans les marches pour ne pas retourner à l’école après le dîner? Pour certain la solution aurait été de ne plus accueillir Benjamin le midi et le laisser manger à l’école. Cette solution dénudée de toute empathie n’étais pas une option pour mon coeur de mère déjà bienveillant.

La lumière dans ses yeux

On a décidé de faire l’école-maison parce que je voulais que mon Benjamin retrouve sa joie de vivre, sa spontanéité et sa lumière. Je ne voulais pas qu’il change pour devenir quelqu’un que la société croit qu’il doit être. Je ne voulais pas qu’il change pour devenir quelqu’un qu’on croit qu’il doit être. Je voulais qu’il soit lui et qu’il se développe naturellement.

Je me rend compte maintenant que d’envoyer Benjamin à l’école a fait en sorte que notre décision de faire l’école-maison a été claire et solide. On savait ce qu’on ne voulait pas pour lui, l’école. Quand il a commencé la 1ère année au retour des vacances d’été, les deux premières semaines nous on confirmé que notre fils était malheureux à l’école. Je savais que c’était possible de l’être pendant toute la durée de nos études parce que ça été mon expérience. 

Quel déficit d’attention?

On savait que Benjamin avait un déficit d’attention (sans hyperactivité) après avoir consulté une psychologue spécialiste et fait les tests nécessaires. Déjà dans les deux premières semaines il revenait à la maison avec des dessins de visages orange et rouge dans son agenda expliquant qu’il n’était pas assez attentif au professeur. Qu’il n’était pas correct et qu’il devait s’améliorer. Tellement décourageant pour un enfant de 6 ans! Jamais depuis ce temps, le déficit d’attention à Benjamin n’a été un problème. Ce n’est que dans le milieu scolaire que c’est problématique. En dehors de l’école, il était un enfant vivant ses passions et développant ses habiletés en découvrant le monde qui l’entoure.

Je voulais que pour mes enfants; se sentir aimé soit la normalité pour que plus tard ils puissent s’éloigner des relations toxiques et choisir des relations aimantes et bienveillantes.

Depuis le jour de la naissance à Benjamin, je désirais passer tout mon temps en sa présence. Être maman à temps plein me permet de profiter de tous ces moments précieux. Je m’assure que la personne qui passe le plus de temps avec lui soit quelqu’un qui l’aime plus que tout au monde. Moi qui travaille chaque jour à changer mon conditionnement pour offrir à mes enfants des relations emplies de compassion et de bienveillance.

Julie xo