Unschooling: nos vrais motivations - examen et jugement

Cet article est le troisième de la série sur les vraies raisons pourquoi on a choisi le unschooling.

UNSCHOOLING: nos vrais motivations - la sécurité affective

UNSCHOOLING: nos vrais motivations - l’autorité

Je ne me souviens pas de la date exacte, mais un jour j’ai réalisé à quel point le jugement prenait de la place dans ma vie. Je jugeais mes comportements, mes pensées, ce que j’avais dit ou ce que j’aurais dû dire. Je jugeais les autres aussi. Surtout quand je me sentais attaqué et incompétente. Parfois des commérages dans le but de me valoriser ou parce que je voulais faire partie de la gang. Le soir venu, j’avais honte et c’est parce que je me jugeais.

Tout ce jugement ne me rendais pas heureuse, ça me pourrissait la vie. Je me sentais surveillée 24h sur 24 par moi-même!

Je savais que tout ce jugement, cette anxiété je l’avais appris et je l’avais fait mienne. J’ai grandi dans un milieu où on commentait (jugeais) souvent mes actions d’une façon négative. La conséquence a été de me faire vivre beaucoup de stress et éventuellement de l’anxiété. J’avais l’impression de marcher sur des oeufs. Je ne savais jamais quand on allait me tomber dessus à coup de critiques.

L’hypervigilance selon Wikipédia: Les personnes souffrant d’hypervigilance peuvent être préoccupées par leur environnement et les menaces possibles, leur faisant perdre les liens avec leur famille et leurs amis. Ils auront tendance à « surréagir » à des bruits forts et inattendus ou stressant dans des environnements très encombrés ou bruyants.

Avec le temps et la répétition, j’ai commencé à juger ma valeur personnelle en me fiant sur ce que le monde extérieur disait de moi. Je ne pouvais plus différencier les jugements extérieurs des miens. Ils ne faisaient qu’un. J’étais devenue ma propre ennemie.

Quand on se sent jugé, on ne se sent pas aimé.

Mes enfants et les apprentissages

Je voulais tellement pas que mes enfants vivent ce genre d’anxiété. C’est pour ça que j’ai porté une attention spéciale à mes commentaires concernant leurs personnes et concernant leurs actions. Je voulais qu’ils se sentent aimés et pour ça je devais ne pas les juger. Quand on se sent jugé, on ne se sent pas aimé.

Avant de commencer à faire l’école-maison, j’étais consciente du stress que font vivre les examens. Le milieu scolaire a vraiment amplifié l’anxiété que j’avais commencé à vivre à la maison. Et même sans cette anxiété, l’école c’est stressant, mais ça c’est pour un autre article ;) 

À l’école, j’ai continué de mesurer ma valeur personnelle en me fiant aux professeurs. Ma perception de ma valeur personnelle variait selon mes notes, selon ma popularité et mon apparence physique. J’ai appris à essayer de trouver LA bonne réponse, celle que mon professeur avaient choisi comme étant la bonne réponse. Cette énergie de « Quelle est la bonne réponse? » nous place directement dans une énergie de performance, qui est une énergie de jugement.

Quand notre valeur personnelle ne dépend pas de l’extérieur, on a rien à prouver à personne. On n’a pas le besoin d’être meilleur et de rabaisser les autres.

Je pensais qu’en choisissant de faire l’école-maison j’évitais les effets négatifs du jugement parce que j’avais choisi de ne pas faire passer d’examens. Je n’avais pas réalisé que les cahiers et les activités que j’imposais à Benjamin (d’une façon bienveillante la plupart du temps) pouvaient lui faire vivre du jugement de ma part. 

Devant ses cahiers remplis de connaissances qu’il ne possédaient pas, il devait prendre conscience de l’étendu de tout ce qu’il ne connaît pas. Ce sentiment nous fait sentir petit. Parce que c’est moi qui lui imposait ces cahiers qui lui provoquaient ces émotions, il devait sentir que je le jugeais comme étant incompétent. Il devait sentir que je voulais qu’il soit différent et par le fait même qu’il n’était pas assez.

C’est la même situation quand quelqu’un nous donne un conseil sans qu’on lui ait demandé. On sent que ce qu’on fait n’est pas correct, du moins pour cette personne. Parce que si c’était correcte, elle ne sentirait pas le besoin de nous conseiller. On se sent jugé malgré les bonnes intentions.

Mon besoin de l’obliger à faire des cahiers, était pour Benjamin la preuve qu’il n’était pas « correct ». Mes actions le jugeais. Tranquillement, je comprenais que cette exposition de ces connaissances et habiletés le rendait vulnérable aux effets du jugement. Ils apprenait à se juger et à intégrer le jugement.

Ça m’a pris un certain temps à laisser aller les cahiers parce qu’honnêtement c’était plus simple pour moi. Je voyais facilement ce que Benjamin comprenait et ne comprenait pas, c’était rassurant. Je sentais que j’étais une bonne mère en choisissant LA bonne chose, faire l’école dans la maison. Un jour j’ai vu l’ironie de ce dilemme. J’avais peur de faire le mauvais choix comme quand j’étais à l’école.

Je voulais que mes fils soient libres d’être qui ils sont. Qu’ils soient libres de vivre leur vie guidé par ce qu’ils sentent en dedans. Je ne voulais pas qu’ils soient esclaves de leurs peurs et du besoin de trouver et de vivre LA bonne réponse.

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J’ai chois la confiance plutôt que la peur

J’avais besoin de cheminer pour faire plus confiance à mon ressenti et choisir la confiance dans ma relation avec mes enfants. C’était comme sauter dans le vide quand j’ai choisi de faire confiance à mes enfants en ne cherchant pas à évaluer s’il est au « bon » niveau. J’avais peur, mes enfants sont ce que j’ai de plus précieux. J’ai fait beaucoup de lecture et de réflexion pour en venir à choisir la confiance. Il m’a fallu consciemment mettre de côté mes peurs, celles qui me donnaient le goût de le contrôler. J’ai examiné une après l’autre les croyances qui me faisaient peur. La pire, mes enfants se ramassent à l’âge adulte en étant incapable de répondre à leurs besoins.

Je voulais qu’ils aient une bonne estime d’eux. 

Je voulais que leurs valeurs personnelles ne dépendent pas de l’extérieur.

Je voulais que leurs valeurs personnelles ne soient pas diminués par une mauvaise note.

Je voulais qu’ils soient des humains emplies de compassion plutôt que de ressentir le besoin d’être meilleurs en rabaissant les autres.

Je voulais qu’ils acquièrent une maturité émotionnelle.

Les critiques (jugements) quotidienne sur nos comportements et nos paroles finissent pas nous laisser croire qu’on n’est pas assez. C’est aussi ce que font les examens et les comparaisons entre élèves dans le milieu scolaire. Leur fréquence presque quotidienne brise notre estime de soi.

J’ai choisi la confiance pour qu’ils se sentent aimer inconditionnellement

L’amour inconditionnel c’est aimer notre enfant comme il est sans condition, sans jugement. Dans le concret, c’est faire en sorte que notre enfant comprenne que peu importe ce qu’il fait ou ne fait pas, peu importe ce qu’il dit et ce qu’il pense, il est accepté et aimé par nous.

Pour moi ça veut dire, pas de jugement, pas de critiques et pas de reproches dans la relation avec mes enfants. C’est pour ça que j’ai choisi la bienveillance et la compassion qui expriment l’amour sans condition.

Ça veut aussi dire pas d’examens, de comparaisons ou de questions cherchant à évaluer le niveau de compréhension au niveau académique. C’est pour ça que j’ai choisi le unschooling.

Le jugement brise la connexion avec notre enfant, ce lien vital à la construction saine de l’estime de soi. Le jugement crée la séparation. Quand on se sent jugé, on se sent seul. Je le sais parce que c’est ce que j’ai expérimenté dans ma jeunesse.


La surprise

J’avoue que ça été une période stressante le moment où Benjamin a recommencé l’école à 16 ans. C’était le retour des examens et des cahiers. La différence majeure et cruciale; c’était son choix. Même si j’ai beaucoup cheminé, mon passé d’angoissé me rattrape dans ces moments stressants. Même si j’ai été témoin de son parcours des plus intéressants, une partie de moi avait peur qu’il ne s’adapte pas et qu’il ait de mauvais résultats. 

J’ai eu le privilège de voir des humains s’épanouir de façon naturelle, sans école et sans l’imposition des besoins des parents. Je les ai vu grandir et acquérir des connaissances et des habiletés multiples et diversifiées.

Lors de son premier examen de math Benjamin a eu une note dans les 90% (96% si je ne me trompe pas). Après avoir passé une évaluation en deux étapes, il a obtenu les crédits du secondaire en anglais parce que son niveau d’anglais était supérieur. La professeur devait être surprise de pouvoir avoir avec lui une conversation fluide en anglais sans accent québécois (avec un accent norvégien, mais ça c’est pour une autre histoire). Au cégep, il fait de l’anglais de niveau 4, le plus fort. À ce niveau, les cours d’anglais se comparent au cours de français.

J’avoue que ça me rassure. Ça prouve surtout que lorsqu’on s’enlève de leur chemin, qu’on arrête de leur mettre des bâtons dans les roues, les enfants ont une soif d’apprendre innée qui excède souvent le curriculum scolaire. Avec le unschooling et la bienveillance, leur estime de soi est moins influencé par les notes qu’ils reçoivent et leur confiance en soi peut grandir. Ils peuvent s’épanouir autant qu’il est possible de le faire dans le milieu scolaire.

Lors de son premier examen de math Benjamin a eu une note dans les 90% (96% si je ne me trompe pas). Après avoir passé une évaluation en deux étapes, il a obtenu les crédits du secondaire en anglais parce que son niveau d’anglais était supérieur. La professeur devait être surprise de pouvoir avoir avec lui une conversation fluide en anglais sans accent québécois (avec un accent norvégien, mais ça c’est pour une autre histoire). Au cégep, il fait de l’anglais de niveau 4, le plus fort. À ce niveau, les cours d’anglais se comparent au cours de français.

J’avoue que ça me rassure. Ça prouve surtout que lorsqu’on s’enlève de leur chemin, qu’on arrête de leur mettre des bâtons dans les roues, les enfants ont une soif d’apprendre innée qui excède souvent le curriculum scolaire. Avec le unschooling et la bienveillance, leur estime de soi est moins influencé par les notes qu’ils reçoivent et leur confiance en soi peut grandir. Ils peuvent s’épanouir autant qu’il est possible de le faire dans le milieu scolaire.