Benjamin à l'université, un exemple de soutien parental

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Pour le programme de Julie R Bordeleau, j’ai fait une vidéo sur la transition qu’ont vécue mes garçons quand ils ont commencé l’école à 15 ans pour Léo et à 16 ans pour Benjamin. Benjamin est l’ainé et il est donc le premier à avoir fait le saut. Il vient tout juste de commencer sa deuxième session d’université et hier s’est passé quelque chose dont j’ai envie de parler.

Vous l’aurez compris maintenant, ma relation avec mes enfants est loin d’être standard. Probablement que c’est aussi ce que vous vivez, sinon ça fait longtemps que vous m’auriez flushé! C’est super important et même vital d’être un soutien pour mes enfants. J’en parle un peu dans la vidéo parce que je crois que c’est un élément important de notre relation, ce soutien qui s’est poursuivi lorsque Benjamin et Léo ont commencé l’école.

 

Exemple de soutien

Aujourd’hui, j’ai envie de donner un exemple concret du soutien que j’ai offert à Benjamin et des conséquences de ce soutien. Comme moi, ils sont tout ce qu’il y a d’ordinaire, d’humain et si ce que j’ai observé chez Benjamin hier est arrivé (c’est positif!), ça peut arriver à tout le monde! Tout dépend de la relation.

Comme j’explique dans la vidéo, à chaque fois que les garçons ont commencé à fréquenter une nouvelle école et en même temps changer de cycle, la première session est une session d’adaptation. En tant qu’hypersensible, je comprends très bien qu’il faut du temps pour que la nouveauté devienne la routine. Non seulement on a besoin de se faire de nouveaux repères (elle est où la bibliothèque, le café étudiant, les toilettes pas trop achalandées?), on a aussi besoin de comprendre comment fonctionne chaque professeur et ce qu’ils attendent des élèves. Ce qu’ils disent n’est pas toujours ce qu’ils veulent réellement!

À chaque entrée dans une nouvelle école, je vois s’intensifier temporairement le support que j’offre. En partie pour répondre à leurs besoins et en partie pour répondre à mes propres besoins et mes propres peurs. Et s’il trouvait ça trop difficile et voulait lâcher? Même si une partie de moi comprenait parce que j’ai aussi lâché mon cours de graphisme, une partie de moi a quand même peur, parce que je ne veux pas qu’ils vivent les conséquences que j’ai vécues quand j’ai lâché. « Je ne suis pas assez bonne, pas assez intelligente, pas assez persévérante. » Mes bobos qui se reflètent une fois de plus dans notre relation.

Ce que je fais en début de session

Voici ce que je fais en début de session, surtout pour Benjamin, Léo a tendance à s’organiser pour faire baisser son anxiété alors que Benjamin est paralysé par tout ce qui est à faire. Quand il commence à recevoir les syllabus, je les imprime et je les lis. Je surligne les informations importantes et je les remets à Benjamin pour qu’il lise au moins ce qui est important. J’inscris dans le calendrier Google, les cours, les dates d’examens et de travaux à remettre des garçons. Quand ils changent d’école, je passe du temps à comprendre comment fonctionne la plateforme de communication.

Pour certains parents c’est trop! J’en fais trop et parfois je me laisse prendre par cette croyance qu’il faut les laisser se débrouiller dans la vie pour qu’ils réussissent. C’est juste qu’hier j’ai encore eu la preuve du contraire.

La preuve

Benjamin a commencé l’université à l’hiver 2020. Mon soutien s’était à nouveau intensifié à ce moment-là et j’étais parti pour continuer avec la présente session. La semaine passée, avec leurs horaires respectifs, j’ai inscrit dans les calendriers les cours des garçons, mais pas les dates de remise des travaux et examens. J’ai imprimé le syllabus du cours de mathématique pour informaticien à l’horaire de Benjamin. J’ai même dit à Benjamin que j’allais le lire et souligner les trucs importants, mais voilà qu’on se retrouve la fin de semaine avant la rentée et je ne l’ai toujours pas fait (je ne me sens pas coupable). 

Samedi matin, Benjamin est dans sa chambre quand je vais lui porter son thé latte chaï au s’mores. Il est très concentré sur son écran et comme je n’entends pas de bip bip de jeux vidéo et qu’il ne travaille pas la fin de semaine, je me demande bien ce qu’il fait. Il est en train de lire les syllabus pour inscrire dans son calendrier les dates d’examen et de travaux à remettre! Il me dit qu’après avoir terminé cette tâche, il va lire les syllabus pour savoir ce qui est important à savoir.

La voilà ma preuve. Je l’ai soutenu au moment où il a commencé l’université et maintenant que son stress de la nouveauté n’est plus une nouveauté, il s’organise lui-même. Ce n’est pas parce qu’on fait des choses à leur place et qu’on leur donne un coup de main qu’ils ne seront pas et ne sont pas capables de le faire.

Je me doutais que c’est ce qui allait se passer, parce que c’est aussi ce qui est arrivé lorsqu’il a commencé ses cours au secondaire et au cégep. Au début ils ont plus besoin de moi et de mon habileté d’organisation. Si je restais dans la croyance qu’il faut que je les laisse s’organiser seuls pour qu’ils sachent comment le faire plus tard, je manquerais à la promesse que je me suis faite. D’aimer inconditionnellement mes enfants et répondre à leurs besoins, que ce soit de les allaiter à la demande ou de lire les syllabus scolaires. Ça fait partie de mes responsabilités pour leur permettre éventuellement de voler de leurs propres ailes. Avoir confiance!

Quand je soutiens mes enfants, j’exprime « Je crois en toi! Je suis là pour toi! » 

Si je les laissais s’organiser tout seul alors qu’ils ont besoin de moi c’est comme si je leur tournais le dos, comme si je les abandonnais. Parfois ce n’est pas possible que je leur offre le soutien dont ils ont besoin. Je leur explique. Je veux qu’ils sachent que je ne les laisse pas tomber, j’ai juste un besoin pressant de prendre soin de moi. Dans ces moments, leur réaction est toute en compassion, je me sens comprise et respecter. Ils m’offrent une qualité de relation que je leur offre d’abord. 


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Les pièges

Quand Benjamin a commencé le cégep, j’avais créé un système utilisant des Post-its et un Duo-Tang pour s’organiser.J’avais divisé l’espace en 8 parties, les 7 jours de la semaine et un espace supplémentaire pour y coller les travaux et examens à venir. Je trouvais ben cute mon système, mais après seulement quelques semaines, Benjamin m’a dit qu’il n’aimait pas tant mon système. J’étais tombé dans le piège de répondre au besoin qu’il avait, mais de la manière que moi j’apprécie. D’une façon visuelle et surtout avec papier et crayons. Après avoir jasé plus en profondeur de ses besoins, on a regardé comment transposer ce genre d’organisation dans son téléphone. Ce n’est vraiment pas la première fois que je me goure et que je pars sur une lancé qui s’avère ne pas répondre au besoin de mes enfants. Je m’emballe et en fait je réponds à mon besoin plutôt qu’au sien ou à son besoin, mais à ma manière. 

Je me trouve bonne pour savoir quand mes enfants ont des besoins avant même qu’ils me le demandent et parfois avant même qu’ils le sachent eux-mêmes.Malheureusement, je me suis mis les pieds dans les plats à quelque reprise, en faisant les choses pour eux, alors qu’ils n’avaient pas vraiment besoin de moi ou qu’ils n’avaient pas encore ressenti et exprimé leurs besoins. C’est parce qu’ils ne sont pas moi! Les besoins que j’avais à leur âge et la façon dont j’aurais aimé qu’on me soutienne n’est pas nécessairement ce dont ils ont besoin. J’essaie maintenant de me calmer le pompon et de prendre le temps de m’assurer que je réponds à leurs besoins et non au mien.

Les besoins

Comment je fais pour savoir ce dont ils ont besoin? Ils m’en parlent. Ils ne me disent pas « J’ai besoin que tu écrives mes cours dans le calendrier et que tu lises les syllabus. ». Ils disent « J’ai plein de documents qui sont rentrés sur Omnivox. J’ai commencé à regarder, mais (soupire)». Le ton et les mots m’envoient le message qu’ils se sentent déborder. « Est-ce que tu veux qu’on regarde ça ensemble? Qu’est-ce qui ferait en sorte que tu te sentes mieux? Est-ce que ça t’aiderait si j’écris tes cours dans ton calendrier? ».

Benjamin a passé une grande partie de sa fin de semaine à s’organiser et lors de son premier jour d’école, il est venu me dire qu’il a envoyé un message sur le forum d’un de ses cours pour trouver des partenaires pour les travaux d’équipe. Il a aussi ajouté que dans son autre cours, même si les étudiants sur le forum de ce cours ont demandé des partenaires pour les travaux d’équipe, lui ne l’a pas fait. Dans le syllabus du cours est écrit que le professeur forme lui-même les équipes.

Oui, les aider me permet de calmer mes propres angoisses, mais c’est encore plus parce que notre relation est importante que je suis là pour eux. Je partage, temporairement, un fardeau trop lourd pour eux jusqu’à ce qu’il s’allège naturellement au fil du temps.

La peur que j’avais en moi quand j’ai choisi de soutenir mes enfants était la peur d’en faire des petits monstres égoïstes, des enfants rois. Qu’ils ne soient pas capables de se débrouiller tout seuls. J’ai fait face à cette peur à plusieurs reprises avant de m’en débarrasser presque totalement. As-tu toi aussi cette peur? Comment fais-tu pour ne pas la laisser prendre toute la place?

La grande leçon que j’ai apprise est que j’essaie de m’assurer qu’ils ont besoin de moi et surtout de découvrir avec eux de quelle manière ils veulent que je les aide. J’ai aussi appris que demander de l’aide est un signe de résilience. Je me sens rassuré, car je crois que mes enfants auront le courage d’admettre quand ils ont besoin d’aide à la place de sombrer dans le chaos.

Auriez-vous aimé avoir ce genre de soutien? Qu’est-ce qui aurait été différent dans votre vie à cause de ce soutien?

Julie xo

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